Le Petit Robert définit cette qualité humaine, qu'est l'authenticité de la façon suivante : "Qui exprime une vérité profonde de l'individu et non des habitudes partielles, des conventions". En ce sens, cette qualité serait proche de la franchise, de l'honnêteté, de la spontanéité, du naturel, de l'originalité, et s'opposerait à ce qui est attendu, conventionnel, au conformisme, voire à l'hypocrisie sociale et à la duplicité.
Et cet idéal d'authenticité court d'ailleurs à travers toute l'histoire de la philosophie moderne, depuis Jean-Jacques Rousseau et son idée d'un homme naturellement bon mais corrompu par la société jusqu'aux existentialistes tels que Sartre qui plaçaient l'individu humain face aux responsabilités que lui imposait sa propre liberté, en passant par les romantiques qui revendiquaient ce droit intime à être soi.
Mais il semble que le sens vertueux de ce terme ait été quelque peu infléchi dans son usage récent et médiatique.
Ce cas est fréquent dans les personnages médiatiques (vedettes et mêmes hommes politiques) qui aiment cultiver face à leur public une certaine forme d'impudeur ou de sincérité, la frontière étant par ailleurs souvent floue entre les deux.
Leur exemple témoigne alors de la confusion qu'instaure l'époque actuelle, en particulier en raison de l'inflation qu'y a connue la sphère médiatique, entre parole privée et parole publique.
Ces personnages donnent l'impression de parler sans réfléchir, c'est-à-dire spontanément, sans établir de distance entre ce qu'ils pensent et ce qu'ils expriment publiquement. Ils ne masquent rien, ne filtrent rien pour les besoins de leur communication ; ils sont tout d'une pièce et ne peuvent donc même pas mentir. Autrement dit pas la moindre faille entre ce qu'ils sont et ce qu'ils sont.
Mais ils ont oublié ou n'ont jamais appris les vertus d'une formule tirée de la deuxième Pythique d'un vers de Pindare. Selon ce vers, il ne suffit donc pas d'être ou de devenir ce que l'on est. Encore faut-il apprendre au préalable à connaitre cet être qui serait le nôtre.
Un tel apprentissage demande un minimum de distance entre soi et soi, une certaine lucidité et une conscience aigüe.
Ainsi bien loin de la culture pindarique, à travers ces "authentiques" qu'elle célèbre, la culture contemporaine admire plutôt l'homme tel qu'elle l'a fait.
Celui ou celle dont l'originalité consiste à penser spontanément comme tout le monde et à le dire haut et fort.
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