Dans la dénonciation des scandales, la provocation, la réponse à la provocation, il y a une justice possible si les autres sont considérés comme des êtres de savoir, et ne sont pas utilisés comme moyens, jusqu’à être manipulés.
Kant ajouterait : les autres ne doivent pas seulement être utilisés comme moyens pour satisfaire son intérêt particulier (ce qu’ils sont, en toute conscience, dans les relations sociales utilitaires) mais aussi comme des fins.
Seulement, et c’est le scandale de l’existence, celle-ci n’est orientée vers aucun concept de fin, elle n’a même pas de finalité, elle est simplement.
C’est pour cela que chacun se trouve appelé à lui donner sens avec les autres, dans un être en commun auquel ne répond aucun concept de l’espèce humaine.
C’est en tant que telle que l’existence doit être respectée : non seulement comme une finalité qui serait foncièrement la même pour tous, mais comme obstacle infranchissable, à partir duquel toutes les limites de la vie en société se déterminent et s’inventent.
La coexistence, comme simple appartenance au monde est la règle sans règle de la justice, qui consiste à chercher un sens qui n’est pas encore institué. Elle est donc à la fois un fait et un devoir, autrement dit un devoir effectif.
Elle est toute entière appel : appel à être, à donner sens au temps fini que chacun passe dans ce monde.
Et c’est appel ne fait pas que renvoyer à soi. Tout au contraire, il vient de l’autre, des autres.
Il n’y a pas donc pas de « vocation » à exister, mais bien une provocation venue de la simple présence et existence d’autrui.
Cette présence, Levinas la nomme visage.
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