Comme un bouteille jetée à la mer : Pour une urgence citoyenne
Une crise qui dure et peut devenir à tout moment explosive se comprend souvent à partir d’un grand paradoxe.
D’un côté ne société d’individus plus horizontale qui se proclame, se pense et se veut égalitaire. Où chacun se prend pur quelqu’un. Où un lien social en recomposition joue un premier rôle ave la nouvelle économie de la connaissance, les réseaux sociaux, la diversité des collectifs, des associations citoyennes issues de la société civile.
De l’autre un désencastrement institutionnel qui exclut de ces aspirations légitimes un nombre croissant de personnes. Ils sont de plus en plus nombreux à être rejettes de du nouveau monde où se construisent ces nouveaux liens collectifs mais aussi démunis des sécurités de l’ancien monde, qui étaient assurés par le travail, le syndicat, la religion, la famille, les voisins, le territoire . . .
L’écart croissant entre les deux faces du contrat social et de la citoyenneté civile redit et condense la même contradiction de fond. D’un côté, une affirmation plus vigoureuse du principe social du vivre ensemble citoyen et de l’autre une politique marquée par la verticalité, l’inégalité, l’autorité. La critique a beau être vraie, elle peut paraître aisée mais elle est un peu courte car la politique, au moment où s’effondrent les grands piliers historiques fournis par les idéologies est maintenant à bout de souffle : au clivage gauche/droite s’est maintenant peu à peu substitué l’opposition entre le « haut » et le « bas ».
Face à l’épuisement de la démocratie représentative et au défaut d’une citoyenneté active et politique, il faut reconstruire les conditions d’une citoyenneté pour tous, d’un travail citoyen au fondement du politique e de ses institutions. En un mot renverser la démocratie en la refondant politiquement : une société horizontale s’oppose dès à présent à des institutions verticales de plus en plus vides de sens. Nous devons revenir à la racine même du contrat social : la soif de reconnaissance, d’appartenance, d’inclusion, de justice et de citoyenneté. Avec le retour d’un espace commun et d’une condition commune dont les services publics si indispensables sont les porte-drapeaux. Nous devons prendre conscience que vivre en société, ce n’est pas vivre les uns à côté des autres en recherchant chacun notre bonheur personnel, mais définir ensemble un projet et des valeurs communes.
C’est tout l’objet d’un pacte tenu après délibération d’une « Assemblée citoyenne ». Dans ce pacte, la force de gouverner résulte non pas de nouveaux textes, mais d’une nouvelle pratique institutionnelle qui doit nous permettre de sortir de la confusion actuelle : en nous redonnant la maîtrise du temps, en précisant les objectifs poursuivis, en redéfinissant, enfin, le rôle de chacun. Avec l’instauration d’un vrai dialogue civil, au-delà du dialogue social convenu.
Partout, en Europe et dans le monde, la démocratie est fragilisée. Partout, la réponse est dans le déni culpabilisant de l’exaspération populaire ou bien dans la fuite complaisante en avant. Dans les deux cas, c’est l’assurance de la catastrophe annoncée. Ce qu’il faut inventer, très certainement grâce à un énorme effort collectif d’éducation et de recul critique, c’est une démocratie adulte qui sache prendre en compte cette exaspération. Ce qui est certain, c’est qu’il est urgent d’y travailler car nous sommes déjà bien engagés sur cette pente dangereuse où le hasard et les peurs décident de notre destin.
Trop utopique , trop tôt diront certains . Mais alors le prix à payer à trop attendre nous sera révélé par les « monstres de Gramsci , qui se glisseront dans l’intermittence entre l’ancien et le nouveau monde : ceux de l’incompréhension, des révoltes et de la violence. Espérons que ce ne soit pas aussi le prix du sang et que , comme le dit Friedrich Hölderlin, « là où croit le péril, croît aussi « ce qui sauve ».
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